Les startups doivent-elles nécessairement travailler dur pour réussir ?

Les startups doivent-elles nécessairement travailler dur pour réussir ?

S’il est une chose que l’on peut dire à propos de la culture startup, c’est qu’elle ne sous-estime jamais la valeur du dur labeur. Parvenir à un équilibre sain entre le travail et la vie personnelle n’est pas chose courante, notamment chez les jeunes entrepreneurs. Et pour cause : dans les économies où le gagnant rafle tout, entraînés par une croissance exponentielle, une différence, ne serait-ce que minime (comme le nombre d’heures travaillées) peut conduire à des différences astronomiques en termes de résultats.

 En effet, les quelques-uns qui parviennent au sommet moissonnent tout sur leur passage : c’est le côté obscur de travailler dans les industries guidées par la passion. Les entrepreneurs qui réussissent dans ces secteurs hautement compétitifs sont souvent obsédés par ce qu’ils sont : des athlètes professionnels, des musiciens, etc. L’obsession, c’est ce qui leur permet de se dépasser quand les autres, au comportement plus équilibré, ne le feraient pas.

Les fondateurs de startups qui intériorisent ce fait tirent vite leurs conclusions : si vous ne vous mettez pas en quatre, il y aura toujours quelqu’un pour le faire rien que pour vous coiffer au poteau. Il est tout à fait aisé d’adopter cette attitude, d’autant plus que des gens extrêmement influents et en pleine réussite, comme Elon Musk, prêchent de travailler deux fois plus dur que les autres.

Bien entendu, ils ont raison : travailler dur est absolument nécessaire pour réussir. Cela dit, dans les faits, c’est plus nuancé.

Le rapport 2021 de SOIS qui étudie les startups SaaS a décelé une forte corrélation entre les heures de travail des fondateurs et la croissance en termes de revenus. Dans le même temps, si l’étude se concentre seulement sur les startups SaaS qui génèrent véritablement de l’argent, elle démontre que près de la moitié des sondés ne travaillent pas à plein temps pour leur startup.

Il est vrai que l’environnement industriel de pointe est extrêmement compétitif. Nombreuses sont les équipes aussi motivées que capables à se battent entre elles pour capter l’attention des investisseurs et attirer les capitaux nécessaires pour développer à très grande échelle leurs opérations, leur permettant de s’assurer d’être les premiers à se réclamer d’un monopole dans leur secteur en plein essor.

Cette même dynamique du marché, qui mène les startups à rivaliser d’efforts pour arriver au sommet des capitaux à risque et planter les premiers leur drapeau dans une nouvelle industrie, peut vous permettre de réclamer votre place sur ce marché sans avoir à suer sang et eau pour y arriver.

Par définition, l’innovation apporte la différenciation. Cela signifie que si vous offrez quelque chose d’unique et avez le bénéfice de la prime au premier entrant dans votre niche de marché, il sera difficile pour ceux qui arriveront après d’entrer en compétition avec vous au seul bénéfice du dur labeur.

Si une seule personne au monde court le plus vite, le secteur des startups est bien plus divers. Grâce à l’innovation et à la différenciation, les startups peuvent apporter de la valeur aux sociétés et se voir récompensées pour cela.

Bien sûr, une startup SaaS dédiée à une micro-niche à temps partiel ne deviendra probablement pas une licorne, mais ce n’est pas notre propos. Le rapport SOIS reste la preuve, s’il en est, qu’avec seulement quelques heures de travail on peut faire quelque chose qui génère de la valeur.

Le dur labeur n’est que de l’énergie canalisée. Ce qui importe, c’est comment vous la canalisez et comment vous en tirez profit. Vous pouvez être celui qui travaille le plus dur, cela n’aura aucune importance si vous vous acharnez sur une mauvaise idée.

Le travail doit être qualitatif, pas seulement quantitatif, et parfois, un professionnel aguerri armé du bon réseau peut générer bien plus de valeur qu’un entrepreneur inexpérimenté, et ce en y dédiant beaucoup moins de temps. Une étude au sujet de l’âge des fondateurs de startups a démontré que les entrepreneurs âgés de soixante ans ont trois fois plus de chances de construire une startup qui sera couronnée de succès que des créateurs âgés de 30 ans. C’est une donnée en plus parmi les statistiques inattendues qui dressent un portrait sensiblement opposé aux mythes sur les startups.

Travailler dur, c’est important. Mais pour réussir, mieux vaut s’obstiner à travailler intelligemment et prendre de bonnes décisions au lieu de s’évertuer à une tâche inutile. 

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