Nouvelles approches de la théorie de la traduction

Nouvelles approches de la théorie de la traduction

 

Avec l’avènement des études de traductions en tant que discipline indépendante, par le développement d’une méthodologie qui a trouvé pour nouveau soutien la littérature comparée et l’histoire de la culture, l’étude des processus de traduction a glissé d’une approche formaliste aux concepts les plus amples du contexte, de l’histoire et de la convention littéraire : on étudie désormais le texte ancré dans un réseau de signes culturels des langues source et cible, ce qui ne veut pas dire que les études de traduction ont cessé de recourir à l’approche linguistique, bien au contraire : elles vont bien plus loin. Aussi, la notion de fidélité présuppose non pas l’équivalence entre les mots ou les textes, mais que le texte cible fonctionne au sein de sa culture tel que le texte source fonctionnait au sein de la sienne. Au gré de l’abandon de l’ancienne notion d’équivalence, les vieilles normes d’évaluation de bon / mauvais, littéral / libre disparaissent également. Au lieu de discuter l’exactitude d’une traduction d’un point de vue linguistique, on étudie la fonction relative du texte au sein de ses deux contextes de fonctionnement.

Dans son introduction à Rethinking Translation, Lawrence Venuti définit le texte en tant que « heterogenous artifact » composé de « disruptive forms of semiosis » comme polysémie et intertextualité, limité cependant par les institutions sociales où il est produit et consommé, et les matériaux qui le composent (y compris les autres textes qu’il assimile et transforme) l’associent à un moment historique donné. D’autre part, selon Venuti, la notion textuelle des structuralistes remet en question l’équivalence entre deux textes si l’on considère que « the differential plurality in every text precludes a simple correspondence of meaning » et qu’ « a ratio of loss and gain inevitably occurs during the translation process and situates the translation in an equivocal relationship to the foreign text ». Le post-structuralisme repense la théorie traditionnelle de la traduction. Il pose que « what makes the foreign text original is not so much that is is considered the coherent expression of authorial meaning, but that it is deemed worthy of translation, that it is destined to live an afterlife in a derivative form like translation ».

Selon Walter Benjamin, le concept traditionnel de traduction comme imitation ou copie d’un texte original dans une langue seconde semble inadapté tant il se produit de changements historiques (le sens des mots, les formes et les expressions idiomatiques, les tendances stylistiques) qui ne sont pas prises en compte ni les effets produis par la traduction tant dans l’original comme dans la langue seconde. À travers cet argument, Benjamin croit que la tâche du traducteur est de « release in his own language that pure language which is under the spell of another, to liberate the language imprisoned in a work in his re-creation of that work », attendu que « suprahistorical kinship of languages rests in the intention underlying each language as a whole-an intention, however, which no single language can attain by itself but which is realized only by the totality of their intentions supplementing each other : pure language ».

Pour John Johnson, ce que l’essai moderniste de Walter Benjamin vise à souligner en formulant sa théorie de la traduction réside essentiellement dans le fait que « the importance of translation lies not in the transmission of an essential meaning or content from one language to another, but in what happens to both the original and the second language as a result of translation, and therefore in what translation signifies about language taken as a whole ».

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